Une nouvelle révolution du football en vue ? L'affaire Lassana Diarra secoue les règles de la FIFA
Dix ans après le début de l'affaire, Lassana Diarra pourrait bien devenir le nouveau Jean-Marc Bosman et changer à jamais les règles du jeu dans le monde du football. En effet, l'avis rendu cette semaine par le premier avocat général de la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) remet en question les règles de transfert de la FIFA, les jugeant potentiellement contraires aux règles de concurrence et de libre circulation des personnes.
Des règles de transfert en sursis ?
Tout commence en 2014, lorsque Lassana Diarra, alors joueur du Lokomotiv Moscou, voit son salaire diminuer drastiquement sans raison valable. Le club russe rompt ensuite son contrat, l'accusant d'avoir refusé d'exécuter son contrat « sans juste cause ». La formation moscovite réclame alors une indemnité de 20 millions d'euros à Diarra, se basant sur les règlements de la FIFA. Selon ces règles, si un joueur rompt son contrat de manière unilatérale et sans juste cause, il doit verser une indemnité qui comprend sa rémunération et ses avantages jusqu'au terme de son contrat.
Le joueur contre-attaque
C'est ici que l'affaire prend un tournant inattendu. Diarra, soutenu par les syndicats de joueurs Fifpro et UNFP, saisit le tribunal de commerce de Mons en Belgique et réclame un dédommagement de six millions d'euros, estimant que la FIFA l'a empêché d'exercer son métier de joueur en 2014-2015. Après plusieurs rebondissements, la justice belge pose une question « préjudicielle » à la CJUE : le règlement du statut et du transfert des joueurs est-il compatible avec le droit de concurrence et de libre circulation de l'UE ?
La CJUE, arbitre du match
L'avis rendu par le procureur polonais Maciej Szpuna dans un rapport de 46 pages publié mardi va dans le sens du joueur. Selon lui, les dispositions de la FIFA sont de nature à décourager et à dissuader les clubs d'embaucher le joueur par crainte d'un risque financier. Si la CJUE devait suivre cet avis, les joueurs pourraient, s'ils se retrouvent un jour sur une « voie de garage », rompre leur contrat avec un club sans craindre d'être juridiquement coincés par la suite.
Vers un nouvel « arrêt Bosman » ?
Rappelons que l'arrêt Bosman de 1995 avait mis fin aux quotas de joueurs étrangers dans les clubs, libéralisant ainsi le marché des transferts en Europe. Si la CJUE suit les conclusions de l'affaire Lassana Diarra, elle pourrait profondément modifier le système des transferts, comme lors de l'affaire Bosman. Alors, prêts pour une nouvelle révolution dans le monde du football ? Affaire à suivre...
